© Jo-Anne McArthur. weanimals.org

Spectacles d'animaux

Corrida

© Jo-Anne McArthur. weanimals.org

La corrida est un spectacle cruel qui consiste à effrayer, faire souffrir et tuer un taureau dans une arène devant des spectateurs.

« Ça y est, ça va commencer !!! »

 

La foule, unie en un même cri qui fait le tour de l’arène, s’agite ; la fièvre gagne les esprits. Les enfants exultent. Les clarines scandent les préparatifs de cette tragédie en trois actes, la corrida.

 

Place au défilé d’ouverture, le paseillo. Le cortège est ouvert par deux cavaliers, les alguacillos, chargés de faire respecter le règlement et d’ouvrir la porte du toril où le taureau se trouve enfermé.

 

La fascination se lit sur les visages enthousiastes et la fureur du public redouble à l’apparition des trois toreros suivis de leurs cuadrillas. Chaque cuadrilla est composée de deux picadores à cheval (eux-mêmes aidés par les monosabios en cas de chute) et de trois bandilleros.

 

Une foule, dix-huit hommes, trois taureaux. Trois morts en suspens.

 

Où suis-je ? Que se passe-t-il ? Quelle est cette agitation ? Depuis combien de temps suis-je enfermé ?

 

Tous les sens de l’animal sont en alerte.

 

J’ai mal… Mes cornes… Mais qu’est-ce qu’ils m’ont fait ? J’ai la tête qui tourne.

 

Les portes du toril s’ouvrent et le condamné à mort entre en scène.

ACTE I : Le Tercio de Pique

Que font ces gens ? Pourquoi cherchent-ils à m’exciter ? Ce bruit… Où suis-je ? J’ai peur. Ma tête… J’ai l’impression d’avoir deux vis vrillées dans mon cerveau. Sortir de là. Il faut que je sorte.

 

Le taureau s’élance dans l’arène, apeuré et stressé par ces hommes qui hurlent et agitent leurs capes dans le seul but d’exciter l’animal. Chaque charge les envoient se réfugier derrière les barrières protectrices.

 

Mais que veulent-ils, enfin ? Je ne comprends pas… J’ai vraiment mal. Où suis-je ?

 

Les picadors entrent en piste sur leurs lourds chevaux de traits cuirassés dont les yeux sont bandés et les oreilles bouchées. Probablement ont-ils été aussi drogués.

 

Le taureau se démène dans l’arène, impuissant. Soudain, une pique l’atteint, lui déchirant les muscles du dos. Un nouveau coup est porté par l’un des picadors au galop, fouillant et élargissant la première blessure qui saigne déjà abondamment. Le troisième coup s’enfonce encore plus profondément dans la chair. La colonne vertébrale et les ligaments sont touchés ; s’en suit une paralysie partielle qui déstabilise l’animal de plus bel. Les charges visant les picadors sont amorties par les chevaux.

 

Le sang s’écrase en grosses gouttes sur le sable de l’arène, laissant de sombres sillons sur le flanc de l’animal. Son rythme cardiaque s’accélère tandis que sa respiration se fait rauque. Le châtiment, estimé suffisant par les picadors, use physiquement et psychologiquement le taureau et le prépare à la seconde série de blessures.

 

© Jo-Anne McArthur. weanimals.org

ACTE II : Le Tercio de Banderilles

Ce deuxième acte est très populaire. Trois paires de banderilles sont portées à la suite. Chaque banderille est un harpon qui laboure les blessures précédentes. Chaque mouvement du taureau, provoqué par l’homme, remue les lames ancrées dans la plaie visqueuse et rougeoyante.

 

Les charges furieuses de l’animal, déjà diminué par cette douleur sourde, l’affaiblissent de plus en plus. Les banderilles se balancent tristement, lacérant chaque fois plus la chair.

ACTE III : Le Tercio de Muleta

Le héros de la tragédie entre en scène. Cet acte est sensé démontrer la domination de l’animal par l’homme : le matador dirige de sa muleta (étoffe rouge) les charges du taureau qui finira par s’épuiser.

 

Je suis à bout de forces. Je n’en peux plus. Je veux mourir.

 

Il est temps de donner le coup de grâce. Le matador place la muleta au ras du sol et l’animal tire sa dernière révérence.

 

Chacun retient son souffle tandis que l’épée s’enfonce en silence avec un angle parfait de 45°, marquant une blessure de plus dans le corps mutilé. Le coup a bien été porté et se solde par l’hémorragie salvatrice.

 

Mon corps entier brûle. Mes poumons se remplissent d’un liquide chaud et visqueux. Fini le supplice.

 

Un dernier regard pour son bourreau et la noble bête s’étouffe en poussant un faible meuglement avant de tomber à terre.

 

Près de trente minutes après le début de cette accablante mise en scène, le matador achève et signe son œuvre macabre en poignardant à plusieurs reprises la nuque du taureau pour atteindre le bulbe rachidien.

 

Le public applaudit à tout rompre le matador et se délecte du spectacle que constitue l’arrastre : un attelage de chevaux au galop traîne le pesant cadavre ensanglanté hors de la vue de la foule déchaînée. Toute trace du crime est rapidement effacée par les areneros à coups de râteaux dans le sable de l’arène et la victime suivante peut entrer en piste…

 

Précisions

 

L'afeitado est une opération effectuée sur le taureau avant le spectacle, elle a pour but de l’affaiblir psychologiquement en lui ôtant toute perception spatiale. Elle consiste à scier à vif jusqu’à dix centimètres de corne puis à repousser le nerf vers la racine. Elle est légalement pratiquée lors de corridas pour des associations caritatives -comme La Croix Rouge- pour réduire les risques encourus par les toreros bénévoles…

 

Avant d’être malmené (doux euphémisme…) sur scène, le taureau peut être maltraité pendant son élevage : mauvaise alimentation voire suralimentation invalidante, drogues, sédatifs… Certains taureaux sont malades avant même de combattre. Comment alors parler de duel loyal ?

 

Seul un matador habile tuera sa victime du premier coup. Ce qui n’est pas le cas en général. Le 18 octobre 1998, à Béziers, un taureau a reçu une trentaine de coups de « grâce ».

 

De 1948 à 1993 (soit 45 ans), une mort de torero a été enregistrée pour 34 033 taureaux tués en France et en Espagne.

 

Si dans les abattoirs l’animal est souvent maltraité (élevage intensif, mise à mort non règlementaire), dans la corrida, l’animal est toujours maltraité.

 

 

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