Animaux

Qu’est-ce que le spécisme ?

Le spécisme est la discrimination fondée sur le critère de l'espèce, de même que le racisme se fonde sur la race et le sexisme sur le sexe. C'est une idéologie d'oppression de celui qu'on estime inférieur.

Le spécisme est la discrimination envers l'espèce

 

Cette idéologie considère qu'il est légitime de discriminer les animaux au motif que ceux-ci ne sont pas doués de raison. C'est toujours aux animaux qu'on impose des mauvais traitements, finalement pour la seule raison qu'ils n'appartiennent pas à notre espèce.

 

Or, de plus en plus de scientifiques et de philosophes s’accordent à dire qu’entre l’animal et l’être humain, il n’y a pas une différence de nature, mais de degré, que les animaux comme l’être humain possèdent leurs propres codes, leur propre intelligence et leurs propres modes de communication, et qu’ils possèdent des droits fondamentaux, comme l’être humain, dont le premier est d’éviter toute souffrance inutile.

 

 

Jeremy Bentham, père fondateur de l'utilitarisme, comparant le sort des esclaves et celui des animaux, se demande s'il y a de bonnes raisons pour abandonner sans défense ces derniers aux mains de quelqu'un qui les tourmente ; et il justifie sa réponse (négative) en ces termes : « La question n'est pas : "Peuvent-ils raisonner ?", ni: "Peuvent-ils parler ?", mais "Peuvent-ils souffrir ?" »

 

Visionner des capsules vidéos sur l'éthique animale >>

 

 

La raison d'être de l'éthique animale

 

Le point de départ, la raison d’être de l’éthique animale est l’existence d’une souffrance animale. Si les animaux ne souffraient pas, s’ils n’avaient pas la capacité de ressentir la douleur, la question de leur statut moral, celle de notre responsabilité à leur égard, ne se poserait pas davantage que pour les arbres, les légumes, les roches ou les rivières.

 

L’éthique animale réagit directement aux stratégies d’exclusion mises en œuvre dans nos sociétés pour justifier l’exploitation animale et ses abus, tout en minimisant la culpabilité des acteurs et des spectateurs. Ces stratégies, outre l’anthropocentrisme lui-même qui en infériorisant l’animal permet à l’homme de se distancier de lui émotionnellement, se composent notamment de ce qui peut apparaître comme des « discours-alibis » (les alibis historique, alimentaire, économique, thérapeutique, l’appel à la tradition, etc.) et de trois stratagèmes.

 

  • Le premier est la négation des torts causés, qui passe d’abord par la dissimulation de la souffrance animale, derrière les portes des laboratoires ou dans les grands baraquements de l’élevage industriel, et ensuite par l’euphémisation, puisque les chasseurs « récoltent », les chercheurs « euthanasient » ce qui n’est jamais que du « matériel biologique » tandis que les abattoirs ne sont que des « unités de transformation d’aliments ». Le terme « euthanasie » est d ‘ailleurs utilisé quand il s’agit de TUER des animaux jeunes, en santé et sans problèmes dans les fourrières, (plus de 300 000 chaque année au Québec), suite à leur abandon par leurs propriétaires désireux de s’en « débarrasser ». Dans tous les cas, et bien d’autres encore, la souffrance animale est dissimulée ou déguisée sous une terminologie plus propre, abstraite, agricole ou mécanique.
  • Le deuxième stratagème est le découpage des responsabilités, c’est-à-dire la division du travail : « les abatteurs ne sont pas responsables de l’abattage puisque les consommateurs leur réclament de la viande et les consommateurs ne ressentent aucune responsabilité puisque la viande leur arrive dans un petit morceau de plastique d’une façon complètement neutre ». De même les animaux sacrifiés pour l’industrie pharmaceutique ou cosmétiques le sont à la demande des consommateurs qui n’ont aucune idée de ce qui se cache derrière leur pot de crème antirides ou leur pilule contre le cholestérol.
  • Le troisième stratagème, enfin, est la dévalorisation de la sympathie pour les animaux : il consiste tout simplement à présenter la défense des animaux, ce que l’on pourrait appeler d’une manière large le mouvement « animaliste » dans son ensemble, comme une attitude irrationnelle, sentimentale et juvénile, faible, féminine parfois, ridicule toujours. C’est ainsi que dernièrement, dans un débat télévisé sur la chasse aux phoques, je me faisais traiter par la Sénatrice Céline Hervieux Payette de « mangeuse de carottes et d’éco-terroriste », sous le prétexte que je refuse par compassion depuis près de 30 ans de manger de la viande. Toujours à ce sujet, les chasseurs de phoques sur leur page Facebook me traitent allègrement de « chienne enragée » et de « comédienne pourrie tout juste bonne à licher les oreilles de ses chiens ». Ces injures semblent tout à fait justifiées aux adversaires de la cause animale, pour qui le fait de défendre les animaux est un crime bien plus grave que de les persécuter.

 

Industries récréatives motivées par le profit

 

Il existe encore un autre genre de spécisme, celui qui consiste à aimer et à défendre certains animaux (en Occident les animaux de compagnie, chiens chats, oiseaux) mais à trouver normal ou acceptable l’exploitation de certaines autres espèces par l’homme : j’ai déjà abordé le sujet des animaux de ferme ou de laboratoire, mais que penser de ces « amis des bêtes » qui promènent leur chien avec leur manteau orné d’un col en fourrure de coyote (ou de chien si le manteau est fait en Chine), qui emmènent leurs enfants au cirque avec animaux ou à Marineland, qui font des tours de calèches ou assistent à des rodéos, sans imaginer une seconde les souffrances infligées par ce genre d’industries récréatives aux animaux qui y sont exploités ? (il n’y a qu’à penser au martyre des chiens de traîneaux éxécutés à Whistler après les Jeux Olympiques de Vancouver pour comprendre que ces industries sont motivées par le profit et ne sont que rarement respectueuses du bien-être de l’animal).

 

"On n'a pas deux cœurs, un pour les humains et un autre pour les animaux ; on en a un, ou pas du tout".

 

Pour autant, et contrairement à ce qui est régulièrement dit par les persécuteurs d'animaux, les partisans des droits des animaux ne prônent pas l'asservissement des humains, mais souhaitent qu'on traite de manière égale les humains et les animaux, c'est-à-dire que les seconds puissent bénéficier d'une protection légale comparable aux premiers. Malheureusement, les partisans d'une vision réactionnaire et prédatrice de l'humanisme, qui ne voient la dignité de l'humain que si elle s'accompagne du mépris de l'animal, ne veulent pas qu'on respecte les uns comme les autres. À tous ceux là j’adresse cette maxime de Lamartine : "On n'a pas deux cœurs, un pour les humains et un autre pour les animaux ; on en a un, ou pas du tout".

 

Arte Thema - Doit-on encore manger de la viande (vidéo) >>

 

Argumentaire sur l'exploitation animale >>

 

Éthique Animale - Une introduction.
Première capsule de la mini-série réalisée par Chuck Pépin et présentée par Carl Saucier-Bouffard.

 

Éthique Animale - Le spécisme.
Deuxième capsule de la mini-série réalisée par Chuck Pépin et présentée par Carl Saucier-Bouffard.

 

Éthique Animale - Élevage industriel.
Troixième capsule de la mini-série réalisée par Chuck Pépin et présentée par Carl Saucier-Bouffard.

 

 

(Texte de Patricia Tulasne)